BROMONT – LAMOTHE
Église St Martin
Eglise classée au titre des Monuments historiques
le 28 décembre 2009
Histoire de Bromont
La commune comptait plus de 3000 habitants au XIX° siècle, jusqu’en 1872 où son territoire fut scindé en deux pour donner naissance à la commune de La Goutelle. L’exode rural est ensuite la principale cause d’une diminution de population qui se poursuivit jusqu’aux années 1960. La tendance s’inversa alors grâce à la proximité de la métropole clermontoise, et fut encore renforcée au début du XXI° siècle par l’ouverture de l’autoroute A89 Bordeaux-Lyon, dont un échangeur est situé à côté du bourg.
Ce lieu est connu anciennement sous la forme Bromo (1266-1383), Bramo (1403), puis Broumon. Ce fief obtient le titre de vicomté à partir des années 1450. Son château se situait a priori sur le village voisin de Lamothe, dont le toponyme seul est évocateur. Aucune trace n’en est visible aujourd’hui sur le terrain, mais il était encore bien conservé en 1799, lorsque Jacques-Antoine Dulaure en fit le croquis dans son carnet de voyages.
Aux XIII° et XIV° siècles, les seigneurs de Bromont étaient de la famille des La Roche. Leur descendante, Louise de la Roche, épousa, en 1431, Guillaume Reynaud de Cordeboeuf, lequel vendit cette terre, en 1446, à Jean de Langeac, sénéchal d’Auvergne, ancêtre de Marie de Langeac ; celle-ci apporta Bromont en mariage, en 1563, à Claude II de Beaune, seigneur de Rioux. Christophe de Beaune, son fils, lieutenant-général de la Basse-Auvergne, en hérite ; il meurt en 1662, au château de Lamothe. En 1772 la famille de Beaune vend la vicomté de Bromont à Claude de Bosredon, seigneur de Combrailles et dernier seigneur de Bromont en 1789.
Dès 1259, il y avait à Bromont un prieuré casadéen (c’est à dire suivant la spiritualité de La Chaise Dieu), prieuré de moines bénédictins déjà placé sous le patronage de St Martin de Tours ; uni au couvent casadéen des bénédictins de Montferrand en 1347, il passa au petit séminaire de Clermont en 1748. Particularité remarquable, le prieuré de Bromont avait ce qu’on appellerait aujourd’hui une « annexe saisonnière »… au sommet du Puy de Dôme ; ce « prieuré rural » était desservi de Pâques à la St Michel (29 septembre) par deux moines « en service détaché » ; il disposait d’une chapelle dédiée à St Barnabé, construite sur les restes du temple gallo-romain (temple de Mercure), et une messe y était célébrée chaque année le 11 juin (jour de la St Barnabé), en présence d’une nombreuse assistance. À l’époque, on y montait à pied !
L’église St Martin
L’église, orientée nord-sud, a été rebâtie au XIX° siècle à l’emplacement de la précédente, qui datait, selon le célèbre historien Ambroise Tardieu, du XI° siècle, et avait déjà été agrandie au XIII° siècle. Le cimetière se trouvait à l’origine autour de l’église, il a été déménagé à l’emplacement actuel dans les années 1950.
La façade sud est précédée par un avant-corps central à pignon. Il est ouvert par un portail à voussures en arc brisé, surmonté d’une baie en plein cintre (photo en haut de page).
Les pans nord et sud de la chambre de cloches sont ouverts par deux triplets de baies (ci-contre à gauche) alors que les pans est et ouest sont ouverts de baies géminées (ci-contre à droite) reposant sur des colonnettes. Ces ouvertures sont munies d’abat-sons.
La façade et les murs latéraux sont épaulés de contreforts en alternance avec des baies en plein cintre.
Les murs du chevet sont aussi percés de baies en plein cintre.
Un clocher de plan carré, surmonté d’une flèche polygonale, coiffe l’église à l’aplomb de la façade sud.
Le clocher abrite trois cloches, dont la plus ancienne date de 1777.
Intérieur
L’église comporte trois nefs. Elle a été construite entre 1866 et 1868 à l’emplacement de l’ancien édifice, par Aymon-Gilbert Mallay, architecte diocésain.
Le vaisseau central est couvert par une voûte en berceau continu.
Les colonnes portent des arcs au cintre régulier qui rappellent plutôt les supports des églises basilicales classiques.
A l’intérieur, un décor peint aux vives couleurs recouvre entièrement les parois de l’édifice : murs, colonnes, chapiteaux, doubleaux et voûtes. Cette polychromie, où se mêlent faux appareils, semis légers sur badigeons, motifs géométriques stylisés et représentations végétales, permet une lecture claire des volumes.
Ce décor est complété par un mobilier conçu pour l’église, en partie récupéré de l’ancienne église et en partie en provenance de l’ancienne chartreuse de Port-Sainte–Marie. Tous les meubles cultuels sont en chêne, sauf le meuble de la sacristie fabriqué en noyer et les autels en marbre blanc. Tout cet ensemble est plutôt baroque.
⇒ La Chartreuse de Port-Sainte-Marie est un monastère fondé en 1219, situé en Auvergne, au fond de la vallée de la Sioule, sur la route entre les Ancizes et St Jacques d’Ambur. En 1729, le couvent comprenait 20 religieux, 8 frères et 30 domestiques ; conformément au plan ordinaire des chartreux, les bâtiments conventuels se répartissaient autour de trois pôles :
– un pôle religieux avec l’église, des chapelles rayonnantes, la chapelle dite « de Pontgibaud », le petit cloître, le cimetière, le réfectoire ;
– un pôle érémitique regroupant 19 cellules d’ermites autour du grand cloître, où vivaient les moines ;
– un pôle économique où travaillaient les frères laïcs, regroupant l’hôtellerie, les ateliers, les granges et les étables autour d’une grosse tour ronde.
L’Assemblée nationale, par décret du 17 août 1792, décida que toutes les maisons religieuses devaient être évacuées le 1° octobre de la même année. Ce sera le jour de départ pour les chartreux, après 573 ans de présence ininterrompue. Le monastère fut vendu en 1795 et en grande partie détruit, les acquéreurs récupérant les matériaux les plus nobles en laissant derrière eux des ruines ; de nombreux éléments du mobilier furent recueillis dans les églises de la région, ainsi l’église de Bromont Lamothe.
Depuis 1973, l’Association des amis de la chartreuse s’est donné pour but de sauvegarder les vestiges du monastère ; des chantiers sont organisés chaque été.
Le chœur de l’église de Bromont est tout aussi richement décoré.
C’est une église aux multiples statues : 34 statues plus ou moins grandes sont disposées un peu partout.
Derrière l’autel, un retable qui proviendrait aussi de la Chartreuse de Port-Sainte-Marie : des colonnes torsadées, groupées par deux et décorées de pampres et de feuillages, en bois doré en léger relief sur fond gris, encadrent une peinture. Nous pouvons voir de petites statues autour de ce retable.
Quelques statues particulières :
à gauche : Ste Marguerite d’Antioche, vierge et martyre
à droite : trois générations de la famille de Jésus : Anne (grand mère), Marie (mère), Jésus (fils).
St Martin, l’apôtre des Gaules, est le patron de cette église. On dit que, au cours d’un voyage de Clermont à Limoges, le saint se serait arrêté à Bromont et aurait bu à la fontaine, qui se trouve près de l’église.
Le jour de la fête patronale, à la fin de la messe, le saint est porté en procession à l’extérieur par les conscrits de la commune.
La commune est propriétaire de l’édifice religieux, qui a toute sa place dans le patrimoine local. Depuis 2014 l’équipe municipale a fait le choix de restaurer ce bien commun, en plusieurs tranches de travaux, durant le mandat. La toiture a été vérifiée et refaite, le clocher consolidé. Les vitraux souffrant de l’usure du temps, ont été réparés et refaits pour certains dans un atelier du vitrail en Haute-Vienne.
Voici quelques vitraux :
⇐ Les responsables de la commission en visite à l’atelier du vitrail à Limoges, 10 rue Malinvaud. Il est possible de visiter cet atelier et ainsi d’entrevoir ce travail de création et de restauration.
La chapelle servant actuellement de salle d’exposition, à côté de l’église actuelle, est supposée être le chœur de la première église.
On peut voir sur les façades Est et Ouest des vitraux jouant le rôle de fenêtres.